Responsable Informatique

Après le départ de la responsable informatique je reprends ses missions et je délègue une partie des miennes à un alternant en licence informatique. Mon quotidien est alors essentiellement orienté vers la conduite d’u projet de migration logicielle pour l’ensemble des activités de la coopérative et du bureau des ventes. C’est à cette occasion que je mets en oeuvre un premier portail de restitution de données en mode web. Il s’agira d’une architecture qui reposera sur le serveur web Apache et le SGBD Oracle. Ce portail me permettra de contourner le déficit de restitution de la solution déployée. In fine il s’agira d’un véritable outil de suivi et de contrôle de l’activité.

Quelques mots sur l’information numérique durant cette période

Entre 2005 et 2007 ma mission principale consistait en la refonte totale de la composante logicielle
du système d’information du groupe agroalimentaire (coopérative + bureaux de vente). L’ensemble des domaines fonctionnels de l’entreprise étaient concernés par le projet : gestion des achats, gestion des stocks, gestion de la production ou encore le domaine de la commercialisation.

Il s’agissait de répondre aux nouveaux besoins fonctionnels (interaction entre le logiciel de la partie production et celui des bureaux de ventes) qui n’étaient pas couverts par le périmètre de l’ancien progiciel. Il s’agissait également de s’affranchir de la technologie vieillissante (Système PICK) sur laquelle reposait le système et qui représentait un risque pour le groupe de par son absence de maintenance matérielle et logicielle. Enfin il s’agissait d’améliorer le système d’impression et imaginer, plus tard, un système de restitution de données.
Pour ce qui est du système d’impression il s’agissait d’abandonner l’impression de documents sous forme de listings produits par 5 imprimantes matricielles (pour l’ensemble du groupe) au profit d’imprimantes laser.

Imprimante matricielle OKI
Exemple d’un « listing »

Je souhaiterais m’attarder quelque peu sur cette période et sur la façon dont étaient alors produits les documents et finalement l’information car cette période sera mon point de référence dans le cadre de la réflexion sur la production de l’information numérique . Notre point de départ dans une course où l’accélération de la production de l’information est fulgurante depuis 15 ans ce qui aura pour conséquence, 15 ans plus tard, une surabondance d’information ou une infobésité, sans que les organisations ne le comprennent réellement ou tout du moins sans qu’elles ne le prennent réellement en compte.

Revenons donc à la production du document au début des années 2000. Afin de rendre notre exemple mesurable replaçons-le dans son contexte. Nous sommes donc au sein d’un groupe coopératif qui emploie environ 200 salariés. Pour ces 200 salariés et l’ensemble des documents produits nous disposons de 5 imprimantes. Les impressions des documents « administratifs, financier, comptables » se font de manière centralisée sur l’une des imprimantes, située dans le local informatique, juste à côté des bureaux du service informatique. Elles sont lancées par la responsable informatique à la demande des responsables des services (pour des demandes exceptionnelles) ou alors selon un planning établi.

 

Production de document sur un système centralisé

Les logiciels métiers en place n’offrant aucune possibilité de consultation des informations statistiques (pas d’outil décisionnel, pas d’outil de restitution), l’impression des documents est, dans ce système-là, le seul moyen d’accéder à l’information.

Chaque jour plus de 100 pages de listing sont imprimées uniquement pour avoir un aperçu du stock « conditionné » (stock de produits prêts pour la commercialisation). Chaque matin le responsable commercial vérifie alors les listings et reproduit fidèlement les informations de celui sur le tableau de « Télévente » (grand tableau blanc, pièce centrale du bureau de vente). Puis à chaque fois qu’une vente est réalisée il vient déduire les quantités commercialisées du stock initialement inscrit sur le tableau.

Puisque le système ne permettait pas de connaitre le stock « à date », les listings de stock (ainsi que d’autres documents ainsi produits) sont ensuite archivés dans un local prévu à cet effet, (il faut imaginer l’équivalent d’un bac de 500 feuilles A4 par jour uniquement pour l’archivage du stock).  

Deux pièces sont prévues pour les archives. Une pièce (fermée à clé) dans le local administratif est prévue pour les documents jugés confidentiels (contrats, procès-verbaux des assemblées générales etc).  Les armoires de stockage de cette pièce sont organisées par catégorie de documents (contrat de travail, contrat fournisseur…), puis dans chaque armoire le classement est effectué dans l’ordre alphabétique, un dossier suspendu par tiers. Les documents ainsi archivés sont gardés sur place en fonction des durées d’utilité administrative de chaque document. Au-delà de cette durée les documents sont externalisés sur un site de production distant, où une salle a été aménagée à cet effet, pour un archivage de longue durée.

Un autre local est prévu pour les documents jugés non sensibles (listings de stocks, rapports de production journalière…). Ce local se situe dans l’unité de production du site principal. Le classement est effectué ici par nature de document, puis par mois et par jour pour les productions journalières. Chaque boite déposée dans la salle d’archives est identifiée pour faciliter les recherches futures. La plupart des documents de suivi de production et de suivi de stock sont archivés pendant un an puis détruits dans le mois qui suit la date anniversaire.

Le système n’est certes pas optimal ; pas de véritable cotation (on donne tout simplement une description à chaque classeur d’archivage en précisant globalement le contenu du classeur) pas de véritable plan de classement (une simple organisation par nature puis par ordre alphabétique ou par date) mais les procédures sont claires. Les durées de rétention respectées. L’archivage constitue une activité centrale dans les organisations non dématérialisées.  

Voilà, en quelques mots, le contexte informationnel dans lequel j’ai découvert les systèmes d’information et le cycle de vie du document et de l’information en 2001. Un rythme de production lent, voire très lent, les documents obéissaient à un référentiel de conservation précis, un classement rudimentaire mais efficace. En 15 ans les organisations ont connu un bouleversement considérable avec l’arrivé notamment du document numérique. La dématérialisation, la digitalisation ont fortement perturbé les pratiques documentaires des entreprises. (Berriau & Chabin, 2018). Voyons à travers les quelques expériences professionnelles qui vont suivre quelle est la situation des SI et de l’information aujourd’hui cela devrait nous éclairer sur la nécessité d’une gouvernance de l’information dans les organisations.