Employé Libre Service

En 1998, après un BAC S je m’inscris à la FAC mais très rapidement je réalise que je vais devoir mettre les études entre parenthèse pour quelques années. Je travaille alors en tant qu’employé libre service pour une entreprise internationale spécialisée dans la vente de jouets. Je m’occupe alors du rayon « Jouets pour garçons ».  Mise en rayon, et mise en réserve constituent alors mes activités principales. Des activités qui favorisent bien évidemment la mémorisation (dans quel rack ai-je donc rangé ce camion de pompier que je dois mettre en rayon en 2 minutes ?!). De temps en temps je conseille aussi les clients ce qui me permet de réaliser que certains d’entre-eux pensent vraiment que je suis leur esclave (un magnifique exercice de self-contrôle et de résilience) et je fais du soutien en ligne de caisse où, bien évidemment, je ne vais jamais assez vite, pour les clients, ce que j’apprends à lire relativement vite sur leurs visages.

Journée type d'un ELS

J’ai rejoint ce magasin juste avant la saison (fêtes de Noël) avec pour objectif de tenir le « rayon garçons » coute que coute. Etant depuis mon plus jeune age quelque peu soldat dans l’âme j’ai accepté cette honorable mission qui me permettait surtout d’avoir un revenu en fin de mois. Afin de répondre à ce noble objectif, en ma qualité de saisonnier, mes journées était globalement structurées de la manière suivante :

  • Réveil 3H30
  • Démarrage à 4H (je ne remercierai jamais assez celle qui partage toujours ma vie et qui se réveillait alors avec moi pour me déposer au travail et qui rentrait pour se (re)lever une heure plus tard pour débuter sa journée dans une magnifique enseigne de Fast Food)
  • Mission 1 : Récupérer tous les cartons pour mon rayon qui se trouvent sur le "quai"
  • Mission 2 : Remplir le rayon - le remplissage du rayon obéit à une logique de travail collectif, l'équipe du soir pousse au maximum chaque produit dans chaque rayon, ainsi le main je sais quels sont les produits qu'il convient de compléter. Ce remplissage peut se faire soit directement depuis ce qui est arrivé sur le "quai" (c'est le cas par exemple pour les ruptures de stock de la veille...) soit à partir de la réserve. Le remplissage à partir de la réserve consiste à récupérer le carton dans le rack à 3 étages, descendre le carton, ouvrir le carton, remplir le rayon, remonter le carton, multiplier cette opération en fonction des quelques dizaines de produits à compléter. Il est évident que le réveille qui sonne à 3H30 associé à cet exercice répété de cross-fit acrobatique a certainement dut participer à la naissance d'une certaine forme de masochisme (goût de l'effort pour les âmes sensibles) qui m'anime encore aujourd'hui dans tout ce que j'entreprends.
  • Mission 3 : Merchandising - ah le merchandising ! Le merchandising c'est quoi ? Eh bien c'est la capacité que doit avoir tout ELS qui se respecte à démolir totalement son rayon (plutôt une allée de celui-ci) et le réorganiser dans un temps record. Très souvent le merchandising est nécessaire pour traiter les problématiques des ruptures de stock. Ne pouvant pas laisser une partie du rayon vide on réagence celui-ci en fonction des produits en suivant quelques règles élémentaires : les produits les plus margés (ou les plus chères, en fonction des stratégies) doivent être les plus visibles etc ...
  • Mission 4 : Faire du "Facing" - que je qualifierai de la capacité à faire du plein avec du vide et que le Journal du Net définit comme suit "L'opération de facing est réalisée quotidiennement par l'employé de libre-service : elle consiste à prendre les produits du fond du rayon pour les ramener sur le devant de l'étagère, en complétant le nombre de produits si besoin. Cette action favorise la bonne image du point de vente"
  • Mission 5 : Conseiller les clients. J'aimais beaucoup cette mission car elle me permettait de travailler de manière extrêmement régulière mon agilité et ma capacité d'adaptation. Je m'explique. Les clients étaient tous absolument persuadés que j'étais un expert du rayon et que bien évidemment je connaissais parfaitement chacun des 700 jouets que j'avais dans le rayon ... Certes.
  • Retour à pieds (6km) à la maison vers 12h